On voudrait sauver un oiseau. On voudrait trouver un oiseau blessé. Le recueillir. Le sauver et le guérir. Un oiseau pas trop malade. Une aile cassée par exemple. On voudrait sauver un oiseau avec une aile cassée. On furette. On fouille des yeux. On écarte les buissons. On met la tête dans les haies. On explore les branches. On cherche les nids.
On suit les gazouillis. On voudrait un oiseau à dorloter. On aurait peur qu’il meure. Qu’il ait froid. Qu’il n’aime pas le pain trempé de lait. On serait inquiète. On voudrait une boule de plume. La légèreté. Et le chaud. On voudrait sauver un moineau. On reconnaît sans peine les moineaux. On les voit voler. Se poser. Sautiller. On connaît leur forme. On les observe en bonne santé. Bien vivants. On voudrait sauver un oiseau affaibli. Qui a faim. Qui a froid. Légèrement blessé. On voudrait un oiseau à la volette. Dans la chambre. Perché sur une armoire. Un oiseau blessé à guérir. Un oiseau à apprivoiser. À picorer une miette ou une graine. Dans le creux de nos mains. On voudrait que ça dépende de nos soins, de notre attention, de notre habilité. On mène des enquêtes. Avec des questions. Sur les oiseaux. On ramasse les plumes. On les collectionne. On les scotche sur des pages. Dans un cahier. On écrit Rémige. On trace une flèche. On écrit Barbule. On trace une flèche. On souligne Pigeon. En haut et bien au milieu. Au stylo rouge. On dessine un pigeon. On rate. On gomme. On refait. On gomme. On voudrait sauver un oiseau.