Ce jour 14 avril — Un positif transparent avec le texte et la composition pour évoquer les phases de la lune. Il s’agit de bloquer plus ou moins la lumière et d’empêcher la réaction chimique par endroit, une zone masquée reste blanche quand les surfaces offertes au soleil virent au grisâtre. Les teintes bleues sont révélées une fois le tissu rincé à l’eau. Dans le noir à la lumière d’une petite lampe — la moindre UV enclenche le processus chimique — j’installe entre deux plaques de verre, le tissu préparé, le transparent avec le texte et les auxiliaires : plantes, graines, etc. Au soleil de midi, quand les UV sont les plus fortes, l’ensemble est posé à la lumière jusqu’à l’interruption du processus décidé à vue, à l’eau de rinçage le tissu insolé révèle les bleus, les parties en réserve restent blanches. Un moment de temps compté, à comprendre le phénomène, à ajuster les paramètres, à choisir les meilleures heures.
En cette saison, il serait plus rationnel de chercher un laboratoire, d’exposer les cyanotypes à une lampe à UV, d’échantillonner, d’étalonner, de minuter les expositions, de chercher la régularité. Ma méthode est à l’inverse, empirique, tâtonnante et tremblante, instantanée et brute, singulière. Je cours le risque de ne pas avoir le météo adéquate, l’ensoleillement nécessaire, le niveau d’UV recommandé. Le résultat garde une part aléatoire, l’expérience d’une émotion vibrante. (À suivre)
