Ce jour 5 février — Prendre la route. Deux passagères en covoiturage. Souvenir de l’engouement, aujourd’hui le leurre d’un lien équitable. Le logiciel depuis longtemps racheté, le cœur n’y est plus, moins de propositions, moins de destinations, des passagers devenus des habitués, des conducteurs instrumentalisés, une standardisation des expériences. La belle rencontre se fait rare. Le deal est économique avant d’être humain. 

À l’arrivée une fois la voiture laissée dans son parking, la ville s’offre à la traversée. Elle bouillonne. Les bus changent de chemins sans prévenir, les trams s’annulent, les ronds-points enroulent de nouvelles lignes, des itinéraires en tête à queue s’arrêtent devant des bouches de métro, les métros roulent en circulaire et nous entraînent. Un de ces trams anciens, étroits et cahotants, traverse Schaerbeek, vivante à cette heure. Au pied de l’église, rejoindre le café Winok. L’atmosphère est moderne, bobo peut-être, mais bobo doux, avec des vieux chiens tenus en laisse à l’aide d’une corde, des enfants, des amies qui se retrouvent, des boissons soft, des musiques justes, quelques écrans mais beaucoup de parlotes et de rires. Un serveur commence son job aujourd’hui, sa lenteur active et ses hésitations, on le regarde comme on regarde un enfant qui s’étonne lui-même. À la tombée du soir, arrivée de M, un instant joyeux. (À suivre)