Une lanterne. Poser la pointe d’un couteau contre l’écorce d’une orange. Entailler la forme d’une tête, de deux bras ronds de part et d’autre et d’une assise autour du pédoncule. Écarter soigneusement la peau de la chair jusqu’au nombril du fruit, là où les téguments se rassemblent et forment un faisceau de fibres. Retirer les quartiers sans abîmer ce cordon. Laisser sécher et verser un peu d’huile dans la coupe d’écorce avant d’allumer la mèche végétale. Le reflet sur le mur s’amuse d’un tremblement.
Un jeu de lumière. Prendre une branche souple et sèche, l’approcher d’un feu, enflammer une des extrémités, puis étouffer la flamme et ne garder que le tison. Bouger le bras comme écrire ou danser. L’épaule ouverte trace le signe infini.
Un feu de pierre. Se procurer des morceaux de carbure de calcium. Pulvériser de l’eau sur un bout de caillou, dans l’effervescence du gaz qui se dégage, en prenant des précautions, lancer une allumette. Le paradoxe allume des flammes avec la nuit.
Une nuée d’étincelles. Remuer un feu de bois à l’aide d’une branche ou d’un tisonnier. Laisser éclore l’or brûlant. La chorégraphie de l’air danse l’ombre.
Une pincée de cristal. Jeter du sel sur une flamme. Le pétillement de bleu éclabousse les doigts.