Ce jour le 13 février – Au retour du Belgique, l’énergie emmagasinée est fragile, les contingences quant à elles sont intactes. Les tambours de broderie sont arrivés, leur taille me préoccupe, leur diamètre est en dessous de celui que je souhaitais. Les plus grands semblent rares et extrêmement chers. En contact avec un jeune homme chargé d’un site marchand, il fait preuve d’une réelle compassion et je suis touchée. Son intérêt pour mon projet est sincère, il me pose des questions et son dépit est proche du mien devant le prix exorbitant des grands tambours proposés par son catalogue, surtout après que nous ayons suivi une fausse piste prometteuse.
J’ai cherché assez longtemps et par défaut je composerai avec un ensemble de 12 tambours à broder de 30 cm de diamètre. Le titre, lui, reste inchangé : Les 9 Lunes, expoème de cyanotype, réaction unique et directe révélé à l’aide du soleil. Les UV réagissent avec les produits photosensibles déposés sur le tissu. Au soleil, le fond préparé ternit et grisaille sauf là où sont posés des masques : négatifs photo, éléments naturels, transparents préparés au feutre spécial. Quand l’insolation est suffisante, vient le temps d’un rinçage soigneux. Avec l’eau, la teinte jaunâtre des zones exposées vire au bleu, les réserves blanches sont préservées, c’est le principe de ce procédé ancien de photogramme où l’on obtient une copie négative de l’original — d’une couleur bleu de Berlin.
J’ai hâte du moment où je passerai sous l’eau les compositions exposées aux UV, les bleus du cyanotype sont lumineux et profonds, ils soutiennent très bien les éléments graphiques, et le texte semblent imprimés. J’attends avec impatience les journées ensoleillées aux indices UV assez élevées. Au paravent, il me faudra faire des mélanges chimiques, enduire les fragments du draps, prévoir le séchage et le stockage — à l’abri de la lumière solaire, œuvre au noir.